L’entre deux guerres

Les traces de la guerre sont visibles sur la champagne, quatre années de guerres sont passées, mais le phylloxera est toujours là et ce dernier a progressé à grande vitesse. 40% du vignoble à été détruit par les combats ravageurs. Les vignerons veulent abandonner leurs terres afin de pouvoir rejoindre les grandes villes pour un emploi plus rémunérateur. Un homme va tirer son épingle du jeu et prendre la tête du syndicat de commerce en 1919.

Un directeur visionnaire

Cette personnalité émergente, c’est Bertrand Demain, dirigeant de la Veuve Clicquot. Fils d’un député catholique socialiste, c’est avec une vision sociale forte et fédérateur qu’il fera grandir la champagne. Cet homme visionnaire puisqu’il à prédit la fin de la guerre en 1918/19 alors qu’il a écrit un lettre en 1915, et dit dans cette même lettre qu’il faut être prêt à reprendre l’activité. Toute la famille du champagne est déchirée; il est important de trouver un compromis sur lequel tous peuvent s’entendre et faire valoir l’esprit de groupe; avec une cette notion selon laquelle ensemble on est plus fort.
Mais deux marchés se ferment, le premier en 1917 avec la Russie qui devient bolchevique suite à sa révolution rouge. puis en 1920 c’est au tours des Etats-Unis d’Amérique de fermer les portes au marché du Champagne suite à la Prohibition, soit une interdiction de consommation de l’alcool. Bertrand Demain comprend alors que ces maisons doivent s’unir; il s’aide de l’association viticole champenoise pour permettre ce rapprochement.

La crise dans le champenois

Le prix du raisin chute ce qui fait le jeu du commerce dit de “petite bouteille”, c’est-à-dire des maisons qui cherchent à démocratiser le champagne et qui vendent les bouteilles à bas prix. Au niveau de la qualité, ces derniers sont du niveau des mousseux de bas étages. Il faut alors trouver un système pour que le prix du raisin reste élevé. 

Mais le Champagne n’échappe pas à la grande dépression des années 30, au point qu’en 1931, le Petit Journal titre “La Champagne se meurt, les vignerons qui donne de la joie au monde sont au comble de la détresse” au point que l’on voit des pancartes sur les boulangerie “on fait pas crédit aux vignerons”.
Une histoire va naître, celle de la coopérative, les vignerons du village de Mailly-Champagne en 1929 s’unissent pour bâtir leur pressoir et leur cave. Mais l’idée ne plaît pas à tout le monde, et les grandes maisons demandent de ne pas faire marché avec eux. Ils se retrouvent face à un boycott, ces derniers investissent leurs derniers fonds dans des bouteilles vides pour pouvoir champagniser leur récolte, sans savoir à quel prix les bouteilles seront vendues. La grande dépression est telle que les vignerons plantent des pommes de terre dans les rangs pour être assuré de nourrir sa famille toute l’année.


Au temps de Dom Pérignon, les vins effervescents ne peuvent être qu’en bouteille, car il est impossible de rendre un vin effervescent en tonneau. Mais la loi de 1691 impose la vente aux tonneaux afin de limiter les éventuelles fraudes, jusqu’à l’arrêt du Conseil Royale du 25 mai 1728 ordonné par Louis XV. Pour autant la consommation personnelle n’était pas interdite comme l’en atteste Charles Perrault dans l’une de ses correspondances où il certifie de l’existence du vin de champagne.
Afin de donner du champagne, le tirage doit être effectué avant la fin de la première fermentation. Alors il deviendra naturellement pétillant. Cette effervescence causera beaucoup d’ennuies aux producteurs qui le surnommaient “vin du diable” ou “saute bouchon” dû à l’explosion des bouteilles ou des bouchons qui sautent sous la pression.

L’union impossible?

C’est alors que Maisons et vignerons sont forcés de se rapprocher aux cours d’états généraux, les deux familles professionnelles vont donc conclure un accord majeur. Au lieu d’implorer l’État à l’aide, ils décident de mettre en commun leurs efforts pour sortir de cette situation. Les maisons vont accepter que le prix du raisin soit fixé de manière autoritaire, ceux qui ne respectent pas ce prix défini perdront donc le droit d’appellation. En 1935, est défini, un rendement à l’hectare, un rendement au pressurage, une durée minimum de vieillissement, une durée de maturation du vin, le degré minimum à la vendange ainsi que d’un prix minimum à la vente. Ce sont là les prémisses de l’appellation d’origine protégée.
De quelques centimes le kilo, le prix du raisin de champagne fait un bon et atteint 3 euros 50 dès 1937, ce qui permet à la Champagne de se relever, mais un autre défi pointe le bout de son nez, la Champagne devra lutter, la Der des Der n’est plus, la seconde guerre mondiale arrive en France.

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