Une création Franco-Anglaise

Le verre, tout aussi acteur que le vin

Alors que les Français luttent contre cette prise de mousse ; d’autres l’améliorent et font tout pour la garder. Entre autres avec l’adoption d’un verre bien plus épais que celui découvert par les vénitiens, célèbres pour leurs verreries.

Cette amélioration n’est que le fruit du hasard et d’une politique militaire puisqu’en 1615, Charles Ier alors roi d’Angleterre, ordonne que les réserves de bois anglais soient destinées aux arsenales, c’est-à-dire à la construction des bateaux militaires ; au détriment des verriers qui se fournissent en bois pour leurs fours. C’est un problème majeur pour ce corps de métier dont il s’agit de la matière première pour travailler. Ainsi ils trouvent une alternative, le charbon, sauf que les propriétés du charbon sont tout autres que le bois, ils augmentent la température du four. Pour les verriers anglais, c’est une bénédiction, puisqu’avec une température plus élevée, le verre est plus solide et plus épais. Ainsi des savants chimistes tels que Sir Kenelm Digby et Sir Mansell Savants se penchent sur la question. Ils inventent le verre renforcé, idéal pour le vin mousseux. La guerre aura toujours poussé les découvertes. Mais les Anglais ne s’arrêtent pas qu’à cette contribution pour faire naître le champagne.

 

Charles Ier par Antoine van Dyck vers 1630.

Le champagne, un créateur anglais ?

Le procédé de moussage est connu des anglais dès 1665, selon Benoît Musset, éminent spécialiste de la question du champagne. Autre spécialiste, Jean Robert Pitte, selon lui il peut être admis que la prise de mousse volontaire même s’ il ne s’agit pas là du champagne soit une invention anglaise de la fin du XVIIe siècle. La création du champagne est même attribuée à Christopher Mairet selon les anglais, non sans chauvinisme. Ce médecin naturaliste anglais est l’auteur de nombreux ouvrages. Il présente le 17 décembre 1662 à la Royal Society, un mémoire manuscrit de 8 pages intitulé Quelques observations concernant le service des vins. Dans ses écrits, il affirme pouvoir changer et corriger la couleur du vin, son odeur ou encore le goût de ce dernier, le tout en y ajoutant du sureau, du miel, du gingembre ou de la betterave rouge pour la couleur. Autrement dit, ce n’est plus du vin. On peut y citer cette phrase “ les marchands de notre époque mettent de vastes quantités de sucre et de mélasse dans toutes sortes de vin pour les rendre vifs et pétillants”, il y rapporte une pratique plus que douteuse des marchands de vin. Le Champagne n’est pas mentionné dans ce document alors Christopher Mairet n’est donc pas le créateur du champagne.

“The man of mode”, 1676, Roger L’Eftrange

Les anglais friands de bulles mais pas de gastronomie

S’il l’on regarde la consommation des vins effervescents il n’y a que deux mentions dans les écrits contemporains. Dans The Man of Mode de George Etherege publié en 1676 “les plaisirs de l’amour et les joies du bon vin, nous les unissons sagement pour parfaire notre bonheur… Alors que le Champagne étincelant ( sparkling champaign) ranime les pauvres amants languissants, il nous rend folâtre et joyeux et noie tous nos chagrins”. Ici le terme Champagne étincelant fait référence à l’effervescence du vin de Champagne. La deuxième mention est celle de George Farquhar en 1697 dans une correspondance
“Le Champagne est un bon vin, que les dandys boivent pour avoir de l’esprit … Regardez comme il frétille et chuchote dans le verre” Ces situations conduisent à penser qu’il était pétillant. Ils ne pouvaient être servis qu’en bouteille et consommés avant la fin de la fermentation, ce vin pétillait alors dans les verres naturellement. Alors que dans un traité anonyme de 1675 “Ces derniers temps, nos marchands en vin utilisent d’énormes quantités de sucre et de mélasse pour toutes sortes de vins, afin de les rendre vifs et pétillants à boire, et d’augmenter leur teneur en alcools et aussi d’atténuer leur mauvais goût” Ce sort est réservé à tous les vins, pour certains a raison puisqu’ils étaient acides, avec ce mélange les caractéristiques disparaissent et plus personne ne peut reconnaître ou comparer les tirages. Comme quoi, il ne faut pas laisser la gastronomie aux anglais …

Le champagne, boisson de diplomatie

La consomation à la cour royale d’Angleterre est tout autre, le petit fils d’Henri IV, le roi Charles II est en exile en France durant la république de Cromwell et comme tout le monde ce dernier aime consomer les vins blanc et en particulier ceux de Champagne, lorsqu’il retourne à sa cour le 29 mais 1660 , il lance la mode des vins blanc de champagne auprès de celle-ci, cette mode sera reprise par son successeur Jacque II. Un autre facteur pousse pour faire connaître ces vins, et c’est un français, Charles de Saint-Evremond qui à Londre en 1662 a une place bien particulière à la cour royale, puisqu’il est proche des cercles aristocratique londoniens et recommande les vins blanc de Champagne, comme le montre une lettre de 1671 où il demande à se fournir chez Roger Brulard et dans celle-ci il condamne l’effervescence alors il est simple d’en conclure qu’il se fourni en vin tranquille.
Avec ces nouvelles méthodes pour maîtriser l’effervescence, une nouvelle mode arrive à la cour de France. Le champagne effervescent est maîtrisé et mis dans des bouteilles renforcées pour éviter l’explosion de celles-ci.

Charles II par John Michael Wright.

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